" 5/ 7/ (5) ou la concision de la terre au ciel " ( article de Régis Roux, avril 2021)

Publié le 13 Avril 2021

Quel chardon ? Quel coeur ? ( photo de Régis Roux)

Quel chardon ? Quel coeur ? ( photo de Régis Roux)

 

5/ 7/ (5)

ou la concision de la terre au ciel

 

« 5, 7, 5 » ? C'est le nombre de syllabes par vers dans le poème japonais qu'on appelle « haïku » ; mais 5 entre parenthèses, c'est ce qui ne suit pas mon âge cette année... Eh oui j'ai cet âge qui colle aux deux premiers vers. C'est aussi ma longueur préférée en poésie. Alors je me suis dit que je pourrais - o privilège accordé par le temps depuis le … 5 avril ! … que j'aimerais saisir l'essentiel de ce qui me semble vécu, offert dans la vie ; et je ne pense pas avancer de belles images peintes pour mon ego. Sans le tout, que sommes-nous ?

Même si j'ai toujours désiré « voir au-delà des choses », la forme courte en poésie ne m'a pas éloigné du réel, de la passion vécue. J'entends par passion cet état où l'homme se débat entre plaisir et gouffre. Cependant, l'éveil procuré par la poésie n'a pas sa fin en lui-même. On vit alors un état comme hypnotique, certes, un état de vérité, mais dans quel but, au fond ? Peut-être qu'à 57 ans -surtout lorsque surviennent souvent des épisodes assez douloureux- les « passions » du monde sensible répètent (mais ne l'ont-elles pas fait depuis avant la naissance même?) rappellent qu'une voix dépasse la plus parfaite forme pourtant spirituelle de l'haïku : la reine du silence complice en Dieu. L'art en est une image, avec le coeur.

Chacun danse comme ce qui le hante le lui murmure depuis l'enfance. Chacun aime bien rire et partager, même si le Mal n'attend que l'occasion de briser jusqu'au scandale, jusqu'à l'injustice. On peut choisir de reconnaître Dieu -pourtant cela n'enlève rien à sa présence, et j'en suis désolé, chers aveugles- ou de se croire bien conscient, responsable, inondé de qualités -rien que ça !- mais l'orgueil et la vanité existent bien, hélas. Etre « humble » ne signifie pas repousser l'enthousiasme. L'humilité, par sa charnière inouïe qui ne dit pas son nom, permet d'accueillir plus grand que soi sans jamais renier le meilleur offert à chaque instant. Croit-on, enfin, que l'on puisse se passer de cet « accès total » à la conscience ? Il nous faut mourir, repasser en soi le royaume absolu des sens et de la grâce. L'inconscience abîme les traits les plus beaux. Je pense qu'il est très bon de bien sentir que rien n'est absurde, et que la « chance » n'existe pas. L'oiseau qui chante, la rivière qui n'en finit pas de travailler ses rives ne disent pas autre chose, et le regard de ceux qui nous aiment. Les aura-t-on bien reconnus ? Régis Roux ; le 13 avril 2021.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Rédigé par Régis Roux

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