"LA FILLE DE LA PLAINE" (texte de Régis Roux)

Publié le 31 Janvier 2016

photos de Régis Roux prises dans les derniers jours de janvier 2016 sur les hauteurs de Châteauneuf-de-Galaure, quartier de la Plaine.
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photos de Régis Roux prises dans les derniers jours de janvier 2016 sur les hauteurs de Châteauneuf-de-Galaure, quartier de la Plaine.

La Plaine, c'est un quartier de Châteauneuf-de-Galaure, dans la Drôme des collines. En découvrant le nom qui en fait son complément, on aura compris, du côté des amis de Marthe, que je désigne bien celle-ci en la rapprochant -comment s'en étonner. ?- du lieu stupéfiant où elle vécut dans l'immobilité.

Je suis retourné à deux reprises au plus près de cet espace inouï pour moi, là-haut sur le plateau entre Préalpes, Cévennes, Monts du Pilat et Collines s'inclinant vers la vallée du Rhône. Pourquoi Marthe la mystique a-t-elle précisément vécu sur ce désert profond ? Qu'est-ce qui parle toujours avec elle plus de trente ans après sa mort ? Il me suffit de retrouver l'inclinaison conduisant à la ferme, les lignes interminables de l'herbe, les repères de bouquets d'arbres, les points des galets pour, avec le vent, avoir la certitude qu'ici l'espace et l'Esprit ne font qu'un chant. Les mots, les images me permettent sans cesse de revivre, dans ce « quartier de la plaine » je ne sais quelle vérité.

Tout se tient au niveau des signes. Arpenter les bords de la Galaure dont je montre un galet dans son grillage, chercher l'angle primitif car ancré ans la terre juste sous la ferme de Marthe, suivre l'horizon jusqu'au vide orageux, revenir face aux murs anciens ou rafraîchis gonflés de galets alignés -ceux-là même qui semblent hanter les parcelles de glaise lourde- accorder toute leur présence aux arbres que Marthe aima tant tout autour de la maison, n'oublier ni tel gros galet couvert de traits en plein champ ni le chat sur le rebord du toit, et savoir que ce que j'ai connu si près d'ici depuis l'enfance n'est qu'un miroir, un ami dans un autre souffle indique, si l'apparente opposition jour nuit était encore possible, que l'enthousiasme n'est pas un mot creux .

Car autant de liberté, d'amour accordé par l'invisible ne prend pas fin avec la disparition. Au moment où j'allais entrer dans la chambre de Marthe pour me recueillir un moment devant son lit de silence offert, j'ai vu en sortir deux femmes aux yeux humides. Personnellement, mes frissons furent différents et curieusement venus de l'extérieur, alors que je remontais le pré derrière la ferme. Je me suis baissé pour ramasser deux petits galets que plus tard j'ai photographiés. Chacun porte quelques traces brunes, jaunes, rouges. Je ne sais pour quelle raison délirante, alors que j'ai déjà observé je ne sais combien de cailloux de cette nature, là m'est apparue comme une ligne de vie passée de la main à la terre, de la lumière de la lampe aux étoiles. Est-ce d'avoir longtemps rêvé en demandant à la réalité du sol de se démasquer ? Est-ce de reconnaître enfin des images qu'il est vrai je côtoie depuis toujours ? Le devant de la maison de Marthe, par exemple, montre bien qu'il s'agit d'une maison du pays. Avec mes parents nous avons connu trois de ces fermes. Cela ne ment pas. Ensuite, avec un peu de temps, la sensibilité revient visiter les contours d'un feu transfigurant la rivière, les bois, les coteaux, les Chambarans aux proportions gigantesques, les chemins boueux, les touffes têtues, la direction d'un vent caché, maître des frontières inimaginables. Je n'oublie jamais que ces hauteurs ont été déposées avec l'érosion des Alpes, la venue et le départ de la mer, les glaciers. Aujourd'hui, le paysage inscrit sa transparence mais pas davantage. L'essentiel est ailleurs. Je le sens dans des moments qui eux aussi dépassent la simple présence humaine.

Rédigé par Régis Roux

Publié dans #curiosités poétiques...

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